RUSSIE | Le Transsibérien – Des paysages qui défilent et des pieds qui dépassent
On l’a attendu ce moment là ! Grimper à bord du Transsibérien ! Ce train mythique qui traverse l’immensité russe à 60km/h.
Et bien nous y voilà, il est 2h du matin, il fait nuit (ici le soleil est debout à 3h). Nous sommes sur le quai de gare de Kazan avec des jeunes recrues qui embrassent leurs familles avant d’embarquer pour un an de service militaire dans l’Est du pays.
Embarquement immédiat
Nous présentons nos passeports à la chef de wagon et personnage clé du voyage (appelée la provodnitsa) puis montons à bord du train. Pas facile de circuler dans l’étroite allée centrale avec nos gros sacs sur le dos. Toutes les personnes installées dorment déjà, ou essayent au moins.
Nous trouvons difficilement nos couchettes dans ce grand dortoir d’une cinquantaine de lits et c’est dans la pénombre que nous nous installons le plus rapidement possible afin de ne pas trop déranger ceux qui tentent de roupiller. Nous sommes tous les deux sur des couchettes hautes et aurons du mal à trouver le sommeil.
Pourquoi ? Allez-savoir !
Peut-être l’excitation de ce grand voyage ? À moins que ce ne soit les secousses incessantes du wagon ? Ou peut-être le délicat parfum à bord qui pourrait se résumer à un savant mélange de saucisse fumée et de pieds… Difficile à dire… La fatigue aura quand même raison de nous pour quelques petites heures.
L’ambiance à bord
Au réveil, la vie à bord est déjà lancée. Certains dorment encore tandis que d’autres mangent, lisent, papotent entre eux ou regardent par la fenêtre le paysage qui défile inlassablement.
Nous voyageons en 3ème classe, ce qui est la classe « populaire », ici pas de chichi, pas de rideaux aux fenêtres, pas d’intimité.
Nous sommes une cinquantaine dans ce wagon et aucun autre « voyageur » à l’horizon. Simplement des russes ou des mongols se rendant à leur travail, allant rendre visite à leur famille ou encore en excursion pour les vacances. Ils se demandent bien ce que 2 « françouz » (comme ils nous appellent) viennent chercher dans ce train…
C’est vrai ça ! Que fait-on là ? Le trajet est très long, c’est plus cher que l’avion, il fait chaud, les lits sont des planches trop petites si vous mesurez 1m70 et donc les pieds dépassent dans l’allée déjà étroite. Dit comme ça, on ne vend pas du rêve !
En fait, 3 jours et 3 nuits dans le transsibérien, c’est une sorte de parenthèse. Aucun repère du jour ou de l’heure qu’il est, nous ne savons même pas nous situer sur une carte. Les heures défilent et se ressemblent toutes. Les fuseaux horaires changent sans nous perturber. La sensation est étrange.
Très vite, l’odeur à bord nous parait familière et comme tout le monde, nous organisons notre vie autour du centre névralgique du wagon : le « Samovar » qui est le ballon d’eau bouillante. Parfait pour les thés, cafés et nouilles chinoises instantanées.
Parfois, le train s’arrête dans une petite gare pour y déposer des passagers et en embarquer de nouveaux. C’est l’occasion de se dégourdir les jambes quelques minutes, d’acheter du poisson séché à un vendeur ambulant si l’envie nous prenait (mais non… on laissera notre part).
Notre ressenti sur l’expérience
Nous avions lu beaucoup de choses sur l’expérience du transsibérien mais, comme toute expérience, on ne comprend que lorsqu’on vit l’instant. Alors on aura beau vous raconter en long et en large ce qu’est le transsibérien, les sensations ressenties lors de cette « parenthèse » sont uniques.
Pour notre part, nous avons vécu l’aventure comme une phase d’endurance car il faut tenir la longueur. Il y a des moments plus faciles que d’autres et l’arrivée est un moment de soulagement, une sorte de petite victoire. Une joyeuse sensation d’avoir vécu une expérience hors du temps.
Nous descendons de notre wagon à Irkustk, nous ne savons pas quel jour nous sommes, il fait 7°C ici en Sibérie et il est 2h du matin. Dans cette gare, nous allons essayer de dormir les yeux ouverts avant de commencer à chercher un moyen de rejoindre le Lac Baïkal.